{ Point de vue & débat }

J’ai 3 amies. Toutes les trois à la fac. La première avait manifesté dans les rues du 16ème pendant deux mois contre Fillon. C’était la révolution, vous comprenez, et puis bon tout le monde était contre alors il devait bien y avoir une bonne raison. Cette année, elle est en fac de socio (oui, car elle a réussi à passer son bac malgré le fait qu’elle chantait et crapahutait tous les jours pendant deux mois dans la rue en face de son lycée). Donc, comme une fois n’est pas coutume, elle dit non au capitalisme sauvage et sort dans la rue pour dire « merde à Villepin ». Pourquoi ? Parce que : « La France a une tradition de savoir sortir dans la rue quand il le faut ; faut pas abolir cette tradition ! ». Ok, c’était bien pertinent. J’imagine qu’on serait en train de guillotiner les gens si on avait poursuivit avec la tradition… Quoiqu’il en soit, elle n’avait pas l’air très calée en économie, car elle ne cessait de me rabattre les oreilles avec l’économie portugaise à titre de comparaison avec la France. D’ailleurs, elle n’a pas vraiment voulu parler situation économique…
Passons à la suivante. Notre candidate numéro 2 était dans le privé avec moi l’an dernier, (tout comme la candidate numéro 3), et n’était pas descendue pour dire merde à Fillon. Normal, ses parents ils paient pour son éducation, pas pour qu'elle dise "on veut un futur": son éducation c'est son futur. Cependant, cette année, elle est entrée en fac d’arts plastiques et lorsque le Grand Soir est arrivé (cad les manifestations contre un certain CPE), elle avait décidé au début de ne pas s’intégrer au mouvement, car elle était plutôt pour. Néanmoins, après avoir subi des réprimandes plus que vigoureuses de la part de certains syndicats et camarades de sa classe, elle s’est dit « Bof, pourquoi pas ? Et puis la fac est fermé, y a rien d’autre à faire… Et puis faut dire que Villepin, il s’en fout de la jeunesse ! ». Donc, elle fait partie des « ni oui ni non » qui peuplent en masse les manifestations mais qui sont moins intéressants à interviewer… Bref, j’étais pas très contente qu’elle ne manifeste pas par conviction.
La dernière bachelorette est aussi à la fac et est farouchement opposée au blocage de sa fac (faut dire que ça dure depuis le début de l’année – mi-janvier – et qu’elle a plus vraiment cours). Au début, elle s’en foutait un peu : moins de cours, ça fait de mal à personne. Mais abondance de biens nuit certainement malgré ce que dit le vieil adage. Donc, en Mars, elle a finit par dire au syndicat qui la prit en grippe pour non-coopération un samedi matin à 7h : « Tu m’emmerdes ma poule avec tes conneries ; je me lève tôt tous les jours en espérant avoir cours, et toi tu me fais chier avec ton bla-bla bourrage de crâne. C’est toi qui vas me donner mon semestre à la fin de l’année ? ».

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Car aujourd’hui personne ne sait plus parler aux jeunes sans dire « toi aussi tu peux le faire ! » ou « protèges-toi mon gars ! ».
Eh oui, l’on ne sait hélas plus dire « vous » aux jeunes, quand bien même on en usite c’est bien pour définir un monstre d’amalgame : « Vous les jeunes [délinquants/immigrés/bo-bos/sans emploi/arriérés/consommateurs potentiels] ». A en croire les médias, la pub, ou même les politiques, nous serions tous dans le même sac ; « La jeunesse était dehors mardi dernier »… Empaquetés dans un rayon, déclinés du plus avarié au plus frais, au plus solvable au plus « cool ». Mais, chose paradoxale, tout le monde nous veut. L’empire de la consommation jetable nous cherche, nous courtise jusqu’à nous abrutir, nous saoûler de promesses d’amour éternel (à moins que ce ne soit de beauté éternelle…) avortées aussi sec. « Plus t’en mets, plus t’en as ! », « Vis ta vie maintenant ! », « Bye bye les imperfections ! ». Certes, la publicité a toujours été un hommage à peine voilé à l’hypocrisie et à la mauvaise foi, mais il semblerait bien qu’elle ne s’en cache même plus lorsqu’elle s’adresse aux populations de moins de 25 ans sous des slogans pour attardés en phase régressive, usés jusqu’à la corde : consomme et tu SERAS tout ce que tu veux, plus jamais tu ne seras [sexuellement] frustré, plus jamais tu ne te poseras de questions, bref carpe diem atomisé à son plus simple appareil, simplifié à l’extrême.
Aujourd’hui, les jeunes, ce n’est même plus une sous-culture (pour cela il faudrait avoir un minimum de valeurs et de culture de base), ni même une contre-culture (le hors-norme n’existe plus) : c’est une sorte de communauté de rêveurs intellectuellement anorexiques, de boulimiques du prêt-à-ingurgiter et à qui l’on demande de ne pas trop réfléchir. Parce que faire acte de pensé marginalise pour de vrai, et ça c’est pas « cool », et ce n’est même pas productif.
En réalité, les jeunes sont cons à manger des thèses/antithèses/foutaises maintenant. Surtout des foutaises. Le pire c’est qu’ils ne s’en inquiètent même plus (ça demanderait de descendre deux secondes de leur grands chevaux) et ça n’a pas d’utilité immédiate et puis… « C’est le jeu ma pov’ Lucette ! ». Non, décidément, de nos jours, on ne sacrifie pas le jeunesse, n’en déplaise à messieurs et mesdames les manifestants, car il n’y a plus rien à sacrifier : vieux avant l’âge, individus débilités sous perf’ de LEXOMIL à 13 ans, élevés au bachotage et idôlatrant la « culture » Questions pour un Champion et le grand divertissement, absents de leur éducation et de leur patrimoine, partisans du Bling ! et de l’ostentation cheap ; oui, vraiment, il y a de quoi rire jaune en voyant la véracité de l’expression NO FUTURE. Tout simplement parce qu’aujourd’hui les jeunes ne veulent rien, ne recherchent plus rien, n’en ont plus rien à foutre de la Sorbonne ou du Collège de France ou du travail et de l’effort. Ils attendent la bonne planque, c’est tout (être fonctionnaire, le rêve des jeunes?).
Ils attendent les rêveurs, mais c’est déjà leur existence même qui leur échappe: on réclame tout mais on ne donne rien... En conclusion, on est plus proche de Hébert et les Enragés que de la prise de la Bastille ou du Jeu de Paume.

Wouahou... que dire après ça ??!
Je suis totalement d'accord avec toi, et plus les années passent et plus on a (vue générale sur la société) une perspective de future assez pessimiste voire catastrophique. La "jeunnesse", un mot bien utile pour "empacter" (comme tu l'as très justement dis ) un nombre incalculable de personnes de toutes conditions, surtout si ces personnes sont les cibles les plus favorables à notre fameuse société de consommation.
Aujourd'hui on arrive à un stade où plus personne ne cherche vraiment à améliorer de façon constructive l'avenir... mais plutôt d'attendre bien sagement que les chose bougent, sans trop bouger (parce qu'on aime bien nos acquis qui nous mette dan sune situation desastreuse) et qu'on vienne nous donner la becquée, et si possible qu'on se permette de raler à tout bout de champ...
J'en arrive à un stade d'ennervement profond... et je me demande parfois si les gens se rendent compte qu'ils foncent droit dans le mur ? les "jeunes" (pour signifier la population d'étudiants de 18 à 25 ans grosso modo), cela même qui sont les constructeurs de l'avenir, ont-ils consience qu'ils sont en train de se faire allègrement manipulés par une société de consommation qui offre monts et merveilles?!
Pfff ça devient déprimant, surtout quand on voit des pubs pour enfants (oui je dis bien "enfants" et non pas "pré-pré-pré-ados-qui-se-comportent-telle-que-la-société-de-consommation-leur-demande-d'être" pour qualifier des enfants de 8 ans), surtout pour les petites filles auxquelles on montre des poupées outrageusement maquillées, et en leur donnant un idéal de vie et de comportement des plus douteux...

To be continued...

Moi je suis partagée entre une l'hilarité et un profond sentiment de "mais qu'est-ce qu'ils sont pathétiques..." quand je vois ces nigauds danser devant les flics ou faire leur sit-in à la peace and love à la 70's...

Ces jeunes sont manipulés....le pire c'est qu'ils sont manipulés par des profs qui, pendant que ces abrutis manifestent pour....rien ils manifestent juste pour dire "on existe ! eh môman chuis passé à la téloche aujourd'hui !", peuvent donner des cours particulier à leurs propres gosses qui EUX rentreront dans les grandes ecoles....ainsi va la vie mais bon ils ne l'ont pas encore compris.

Alors, oui on a le droit de manifester, de descendre dans la rue...mais on n'a pas le droit d'empêcher les autres d'aller bosser !.


Et pis c'est pas en manifestant comme des veaux que leurs diplômes seront mieux côtés....ils sont en train de se flinguer tout seuls...Oui vous les aurez vos diplômes mais ils ne vaudront rien...trop pas de bol hein.

bon je finirai ma réponse plus tard...

PS: en tous cas là je suis en train de me marrer parce qu'ils sont en train de se mettre la population à dos....et ouais çà va deux minutes les manifs, mais vous faites une grosse erreur en persistant à bloquer les routes, et les voies...

Moi c'est pas tellement que je me moque des manifestants, parce que comme je disais à je sais plus qui un peu plus tôt (Kiwi?), je comprends qu'on puisse avoir des argumts contre, évidemment, mais à condition qu'ils ne soient pas simplets ou juste 'anti pour être anti-gvt'... Honnêtement, j'ai pas envie de regarder de haut les manifestants, parce que je suis ni meilleure ni moindre. J'ai juste un sentiment de résignation, de colère (casseurs et bloqueurs), et de dégoût presque envers certains manifestantsqui réclament sans avoir mérité, jugent, ou imposent aux autres leur vision des choses.
Sinon, je suis totalement d'accord quand on parle de manipulation par les profs; ça me fait pensé au prof de lettres dans notre classe qui sortait un peu méprisant 'oui le CPE ça vous concernent pas hein?'. Pk parce qu'on est pas contre c'est ça? Les anti-CPE se présentent comme les garants de la démocratie mais ils n'aiment pas l'opinion contraire, et je trouve ça regrettable même idiot.

PS: Coconut, je sais que tu ne regardes pas de haut les manifestants

Non mais je ne me fous pas du tout des manifestants, des vrais hein, c'est juste ceux qui manifestent juste pour "faire comme les autres" ou au contraire pour foutre la merde, qui m'horripilent ....

il est clair que le CPE n'a pas tout bon, et je comprends que les jeunes s'inquiètent pour leur avenir (et tant mieux !), mais ce que je veux dire, est-ce qu'en bloquant TOUT ils obtiendront satisfaction ?

Fallait-il saccager les facs pour se faire entendre ? hein ?! Fallait-il tout tagger, tout casser ?
Non.

Mias ce qui me soule le plus, c'est que des mouvements (d'extrême droite pour ne pas en citer) vont faire de tout çà leur petit commerce...

Mais bon, on sait bien qu'au delà du CPE c'est un problème plus profond qu'il y a. Regardez qui descend dans la rue : les etudiants d' histoire, de geo, de lettres....pas les medecine ou les futurs avocats !. C'est tout le système qu'il faut revoir....mais çà va prendre beaucoup de temps hélas.

Je me permets d'intervenir dans cette discussion. je suis un peu plus agée que vous et j'ai fait mes études en fac de lettres. Quand je suis entrée en fac d'histoire, l'année d'avant cela avait été le smic jeunes de ballladur (décidement l'histoire bégaie) . Et mon rentrée en histoire était en 95, c'est à dire énormes grèves, et quasi paralysie de la France. Et bine cela n'a pas servi à grand chose malheureusement. Et à l'époque, ils n'étaient pas allés jusqu'à bloquer les facs.

Les manifestants des dernières semaines viennent essentiellement des fac de lettres. Le malaise il est là. Les filières de la fac de lettres sont des cul de sac pour beaucoup d'étudiants. Le doyen de la fac, pendant les jouurnée d'accueil avait dit texto que nous, les étudiants de l'époque étions de futurs chomeurs. Et c'est malheureusement vrai poyur la majorité. On laisse les jeunes dans des filières complètement bouchées. Il suffit de voir la surpopulation dans les UFR de socio, de psycho ou même d'histoire.

Le boulot que j'ai trouvé, c'est pas grace à mon diplôme d'histoire que je l'ai eu mais grace à la prépa au concours administratifs que j'ai pu intégré sur concours à sciences po.

Pareil, ma meilleure amie a fait une thèse sur le feu et les escargots et au bout d'un an et demi, le seul boulot qu'elle a trouvé est documentaliste dans notre ancien lycée, payée au smic.

Effectivement le système universitaire est complètement déphasé avec le monde du travail et ni prépare absolument pas, la preuve , je suis dans une administration.

merci de ton témoignage....çà me motive encore plus pour réussir mon concours non mais sérieusement, c'est vrai qu'il y a un réel problème dans les filières littéraires....

dis-moi, c'est quoi ton boulot maintenant ?
et en fait tu es rentrée a sciences po c'est çà ? (en fait je n'ai pas très bien compris l'histoire de la prépa administratif....).
Enfin çà m'interesse beaucoup, si tu pouvais m'expliquer en détails ton parcours etc...


PS : J'aime beaucoup ton avatar....mais je ne reconnais pas l'acteur. C'est qui ?

C'est très intéressant ce que tu dis là! Ca montre bien quelque chose qui est double quelque part: d'un côté on laisse les filières ayant très peu de débouchés s'engorger, et d'un autre côté, je pense qu'on a une très mauvaise mais alors TRES mauvaise façon d'orienter et de renseigner les jeunes aujourdhui. En plus de ça, le système de la fac est complètement inepte, pardon de l'expression mais c'est vrai: il est plus qu'urgent de réformer, de faire le ménage de réactualiser la chose parce qu'à se rythm-là non seulement ceux qui voudront réellement faire des études pour avoir un taff après s'orienteront de plus en plus vers de l'éducation payante (quitte às'endetter à mort), plus la fac deviendra moribonde et ghettoïsée....

En même temps, anne so, ça change peu ou pas beaucoup de choses d'être HYPER motivé pour le concours de l'ENS... Cela dit, évidemment qu'il faut qu'on soit motivées, mais comme on en avait parlé je sais plus quand, le problème c'est d'être assurée qu'on se bat pour quelque chose (qui ne soit pas hypothétique tu vois? Genre entrer à l'ENS: tout le monde ne pourra pas "rentabiliser" ses deux ans de prépa littéraire...). La réforme qu'ils ont amorcé est censée justement dépoussiérer un peu le concept et les issues de la prépa Lettres, pour permettre de redorer cette filière à sens unique, qui vire à l'impasse (la fac).

Coconut a écrit:

merci de ton témoignage....çà me motive encore plus pour réussir mon concours non mais sérieusement, c'est vrai qu'il y a un réel problème dans les filières littéraires....

dis-moi, c'est quoi ton boulot maintenant ?
et en fait tu es rentrée a sciences po c'est çà ? (en fait je n'ai pas très bien compris l'histoire de la prépa administratif....).
Enfin çà m'interesse beaucoup, si tu pouvais m'expliquer en détails ton parcours etc...


PS : J'aime beaucoup ton avatar....mais je ne reconnais pas l'acteur. C'est qui ?

Mon cursus est un peu particulier. j'ai fait une licence d'histoire. Quand je suis entrée en fac, je voulais faire de la recherche mais voyant comment fonctionnait l'UFR, si on n'a pas de soutien ou de pistons, il est impossible de s'en sortir. Je me suis alors orientée vers les concours administratifs.

Il existe des IPAG, institut de preparation à l'administartion générale. Ils sont en général dans les IEP, et ils préparent aux concours adminsitratifs de catégorie A. J'étais à celui d'AIX en Provence. Il y a un concours à l'entrée pour intégrer cette préparation, en moyenne, la moitié est prise. Il y a entre 30 et 40 h de cours par semaine et je suivais également quelques cours de sciences po. C'est assez intennsif. Je voulais le concours du commissariat des armées. C'est pour devenir officier spécialisé dans l'administration dans l''une des trois armées. C'est un concours de catégorie A avec un recrutement centré sur l'IEP et la fac de droit. C'est un métier qui m'a permis d" beaucoup voyager et j'ai une carrière sure.

L'acteur de mon avatar est Matthew Macfayden, il a joué dans la série Spooks et c'était le nouveau mister Darcy d'Orgueil et préjugés sorti en janvier avec Keira Knightley. Et j'en suis gaga 'e cet acteur.

merci pour ces infos !

mais dis moi, donc pour espérer réussir ce concours il faut avoir suivi des cours IEP ou faire une fac de droit ?.

Tu vois moi je suis encore dans le flou, je ne sais pas très bien ce que je veux faire....alors mon premier but est de passer en deuxième année (khâgne) puis ensuite tenter plusieurs concours.

L'IPAG tu l'as suivi sur un an ou bien c'était pendant les vacances ?.

Ah mais je le connais bien Matthew McFadyen (trop craquant dans Orgueils et préjugés....m'enfin je reste frustrée, pas un seul bisou !). Tu n'es pas la seule à le trouver à ton goût : Clémentine (The Phantom) l'adore aussi....
Y a de la concurrence ! (ne vous battez pas les filles !)

Cela dépend du concours. la majorité des concours de catégorie A ont une épreuve de droit ou d'économie. Les deux principales filières de recrutement de ces concours sont la filière IEP (administration et finances, je crois que cela s'appelle comme ça) et la fac de droit.

l'IPAG, c'est une année à partir de la licence. mais avec les nouveaux diplomes de la fac cela a peut être changé.

Et oui je sais que je ne suis pas la seule, il y a du monde qui carque sur lui. Il suffit de voir la fréquenation de son site et de celui des ses rôles sur The Inn at Lambton.

Aucun, rapport mais j'aime beaucoup l'acteur de l'avatar lol